ASTRÉE

L'Astrée est une poésie imaginée par ÂNE. Elle s'inspire :

• du haïku : poésie courte d'origine japonaise, qui marque un instant de la nature ou de la vie quotidienne ;

• du calligramme : une image créée avec un texte ;

• de l'alexandrin, vers de 12 syllabe, avec césure à l’hémistiche (milieu du vers).

L'Astrée rugueuse (Astrea rugosa) est un escargot qui vit sur nos côtes rocheuses (Méditerranée et proche atlantique). Son opercule, bien connu, est appelé « Œil de Sainte Lucie ». Il porterait bonheur, non à celui qui le trouve, mais à celui à qui il est offert. Il sert souvent à réaliser des bijoux (bagues, pendentifs...).

La forme de cet opercule de nacre (voir photo en haut, au milieu du sable) est une spirale parfaite, tournant vers la droite. La spirale à enroulement dextre est un symbole lié à la transformation, à l'élévation spirituelle et au cycle de vie. Se recentrer sur soi puis aller vers l'autre est un sens qui peut être donné à cette création de la nature.

Petite parenthèse mythologique : Astrée était la dernière immortelle à vivre parmi les humains. Avec l'Âge de fer arrivent chez les humains les crimes, la violence. Astrée se réfugie alors dans le ciel et forme la constellation de la Vierge. Zeus, agacé par ces humains scélérats, provoque un déluge qui fait venir les larmes à la déesse. Ces larmes descendent sur Terre et créent les asters, et peut-être les Astrées rugueuses.

J'ai, pour ma part, l'habitude de raconter aux personnes que j'amène sur la côte rocheuse, qu'un dragon transforme les gouttes de pluie qui font preuve d'humilité en tombant dans la mer (« Que suis-je par rapport à toute cette eau ? ») en œuf qui deviendra ensuite une Astrée rugueuse et donnera à sa mort un œil de Sainte Lucie. Cette histoire se rapproche du conte du colibri qui veut éteindre un incendie et fait sa part, ou de la célèbre phrase de Mère Térésa : « Nous réalisons que ce que nous accomplissons n'est qu'une goutte dans l'océan. Mais si cette goutte n'existait pas dans l'océan, elle manquerait ».

La méthode d'écriture de l'Astrée est :

• repérer autour de soi (dans la nature ou dans la vie quotidienne) ces petites choses qui « donnent du sel » à notre vie (observation, instant, etc.) ;

• mettre en mot, dans un vers de 12 syllabes. Trois niveaux sont possibles :

1 – 12 syllabes, sans césure et sans rime ;

2 – 12 syllabes, avec césure au milieu (donc 2 x 6) ;

3 – 12 syllabes, avec césure, et rime entre les deux moitiés de l'alexandrin.

Note : les « e » du milieu du vers sont, dans ce dernier cas, muets.

• tracer une spirale sur un papier. Pour ce faire, la technique est celle de la suite de Fibonacci (0, 1, 1, 2, 3, 5, 8,... le chiffre suivant étant l'addition des 2 précédents) : tracer un carré de 1 de côté, et y dessiner un demi-cercle vers la droite dont le rayon est 1. Faire un deuxième carré de 1 à droite et poursuivre la spirale, puis dessous un carré de 2 de côté. Poursuivre la spirale, puis un carré de 3 à gauche..., puis de 5 au-dessus..., puis de 8 sur la droite, et terminer la spirale.

Pour ne pas avoir à dessiner une spirale à chaque fois, il est possible de créer un patron avec un cutter :

• écrire son poème, puis effacer la spirale.

Nous gardons alors trace ou exprimons un instant qui marque ou a marqué. Nous créons une poésie, et un dessin. Ainsi, nous sommes plus attentif au monde qui nous entoure, plus conscient de sa splendeur, et plus concerné par son sort !

En cette période compliquée, le principe peut être d'aller se ressourcer dans la nature, ou chez soi, ou avec ses proches, avant de retourner vers l'autre après avoir effectué un acte créatif.

La lecture de votre recueil fait remonter les souvenirs de ces petits instants qui donnent du goût à votre vie, sans nostalgie ni solastalgie. Elle vous montre également ce qui vous touche le plus, et un peu de ce que vous êtes, et de ce que le monde autour de vous est. Elle vous rappelle de toujours être attentifs à ces petits riens, à ces petites choses, à ces petits êtres qui nous entourent.

La lecture d'une Astrée demande de chercher à s'imaginer la scène vécue par l'auteur, et nous rappelle la richesse des différences, l'importance des petits riens, et l'évidence de nos points communs, quelques soient notre origine, notre sexe, notre vie, etc.